La Gueule Noire du Mont Resegone m’avait enveloppé dans son sein. Je posais mes mains sur les parois rocheuses et humides, le sol gluant et la présence d’insectes de toutes sortes me décourageaient de chercher une sortie. Ce tunnel reculé, sombre et étroit dans lequel je m’étais aventuré, commençait à m’envelopper de son mystère, tandis que le charme et l’adrénaline se manifestaient sous forme de curiosité, m’incitant à avancer. J’ai pris courage et j’ai progressé lentement, touchant à chaque étape avec les doigts les surfaces rocheuses, cherchant d’éventuels dangers invisibles à mes yeux.
J’ai accéléré le rythme, de plus en plus vite et avec de plus en plus de confiance en moi. L’anxiété et la peur de l’inconnu étaient passées au second plan, remplacées par une faim dévorante de lumière et un immense désir audacieux de regarder au-delà de l’obscurité. J’ai parcouru environ un demi-kilomètre. Lumière. Devant mes yeux, une immense étendue. Ici, il semblait que la nature avait confié au temps la tâche de ne pas s’écouler. Herbes sauvages, botanique, baies, fleurs et plantes de toutes sortes composaient un paysage semblable au paradis terrestre où se désaltérer de connaissance et se nourrir d’inspiration. La végétation était prospère et ses couleurs vives, aux tons chauds typiques du printemps. Le calme et l’absence de bruit m’invitaient à participer en tant que simple spectateur, tandis que le tunnel sombre derrière moi me rappelait être le seul passage vers cet endroit agréable, où l’être humain n’avait ni intervenu ni prononcé un mot. Un endroit qui deviendrait ma forge botanique, où sélectionner et étudier les ingrédients, expérimenter leurs équilibres et les transformer en recettes spirituelles.